"Comment Sabine Revillet a-t-elle pu se laisser aller à écrire une intrigue aussi plate..." Michèle Laurence

J’ai, d’abord été intriguée par le titre : « La conspiration des poissons », puis par la couverture du livre, un vieux réveil qui marque 15h30 ou bien 3h30 du matin, difficile de le savoir puisqu’un lourd rideau de tapisserie masque la fenêtre, donc le jour ou la nuit. Réveil posé trop au bord d’une table rustique, une maison de campagne ? Une résidence secondaire ? Ça sent la naphtaline et le « policier » à la Simenon. Bizarre. J’hésite. Je connais et apprécie l’écrivaine pour l’originalité de son style, la singularité des thèmes choisis…pour le théâtre, mais je ne sais rien de son écriture romanesque. J’ai hâte de la découvrir, je veux maintenant tout savoir sur ces poissons. Qui sont-ils ? Des animaux vertébrés aquatiques à branchies ? Poissons d’eau douce, d’eaux vives ou bien stagnantes ? Ombles de fontaine, goujons ou brochets aux dents acérées ou bien poissons vivants au plus profond des océans grandgousier ou poisson-ogre ? Ont-ils conspiré en milieu naturel, en aquarium ou bien en tournant dans leur bocal ? Et si ces poissons conspirateurs n’étaient en fait, que des bipèdes masculins ou féminins nés entre le 20 février et le 20 mars – comme moi – gouvernés par le sympathique Neptune à la longue barbe fleurie, toujours armé de son trident ? Je caresse la tranche du livre sans oser regarder la quatrième de couv ni ouvrir la première page pour faire durer le plaisir de la découverte jusqu’à la limite du supportable. Je ne veux ni mode d’emploi, ni préparation je veux me laisser surprendre et plonger tête la première dans ces eaux inconnues. Hélas ! Hélas ! Hélas ! Trois fois hélas ! Je vais très vite toucher le fond ou plus exactement chercher le fond d’une œuvre qui n’en a pas. De quelle conspiration est-il question ici ? Sûrement de celle de l’éditeur qui a fomenté une tactique avec l’écrivaine pour attirer le lecteur dans un guet-apens absurde qui conjugue l’invraisemblable au soporifique. Je peux également vous assurer que le réveil que vous voyez sur la couverture est définitivement en panne et qu’il ne sonnera jamais la fin de cette histoire sans queue ni tête. Comment Sabine Revillet a-t-elle pu se laisser aller à écrire une intrigue aussi plate, pour ne pas dire inexistante, avec des personnages transparents, voire absents pour nous entrainer vers ce vide abyssal ? La dernière page lue de ce livre dont il ne nous restera rien, on a envie de dire à son auteur (trice) « Je t’en prie ressaisis toi Sabine, quitte vite ce marigot dans lequel tu as perdu pied, pour retrouver le théâtre qui te va si bien ».

PS : Ne manquez pas de venir lire la suite de cet article dans les jours prochains qui vous dévoilera la clef de l’énigme de « La conspiration des poissons»

Michèle Laurence